jeudi 11 décembre 2008

Une étude est comme un visage

Étude présentée par l’American College of Rheumatology conduite et financée par les National Health Institutes

Par Johanne Verdon ND.A.

Réflexion étrange, me direz-vous. Pourtant, la comparaison n’est aucunement boiteuse.Il est important de regarder un visage en face et de le considérer sous tous les angles.Cela n’est-il pas une des clés de la communication ?... Il en va de même pour une étudetelle que celle présentée dernièrement lors de la rencontre scientifique annuelle de l’American College of Rheumatology, tenue récemment à San Diego. Lors de ce congrès, on a considéré l’étude conduite et financée aux États-Unis par les National Health Institutes, impliquant près de 1 600 personnes atteintes d’arthrose aux genoux, sous tous les angles, autrement dit, la joue droite ainsi que la joue gauche, l’oeil droit ainsi que l’oeil gauche, etc. Je m’explique. Le but d’une étude comme celle-ci est, il me semble, de connaître laquelle parmi différentes substances telles que : le sulfate de glucosamine, la chondroïtine et le Célécoxib (Celebrex) est à même de soulager les gens souffrant d’ostéoarthrite aux genoux, de comparer aussi avec un placebo, pour venir en aide aux gens qui souffrent. À ce jour, plusieurs professionnels de la santé qui connaissent les résultats positifs de plusieurs méta-analyses sur le sulfate de glucosamine et de plusieurs recherches faites sur la chondroïtine, déplorent l’angle qu’ont choisi les auteurs de l’article du New England Journal of Medicine pour présenter les résultats de l’étude en question, dont on a discuté dernièrement dans les médias : Edzard Ernst, expert en médecine complémentaire, professeur rattaché à la Peninsula Medical School de l’Université d’Exeter en Angleterre, Mark Blumenthal, directeur de l’American Botanical Council, plusieurs rhumatologues américains présents au congrès de San Diego et, plus près de nous, Jean-Yves Dionne, pharmacien, et divers professionnels de la santé et de nombreuses personnes qui ont été soulagées de l’ostéoarthrite dont elles souffraient aux genoux, grâce à la glucosamine et à la chondroïtine. C’est à croire que le sulfate de glucosamine n’est que du vent ou de la farine alors qu’il n’en est rien.

Voici donc l’information exacte qui permet de comprendre les résultats fort intéressants

et positifs de cette étude. Soulignons, premièrement, que le recrutement des personnes ayant participé à cette étude fut très long car le protocole exigeait de n’inclure dans cette étude que des personnes n’ayant pas pris de sulfate de glucosamine depuis trois mois et de chondroïtine depuis six mois. L’étude regroupait exactement 1 583 personnes : 22% (348 personnes) avec des douleurs modérées à graves et 78% (1 235 personnes) avec des douleurs légères. Or, dans le premier groupe de 348 personnes souffrant de douleurs plus importantes aux genoux, les résultats, quant à l’utilisation du sulfate de glucosamine et de chondroïtine ont été de 10% supérieurs au Célécoxib (Celebrex) quant au soulagement de la douleur, ce qui est excellent ! (79,2% par rapport à 69,4%).

N’oublions pas également que cet anti-inflammatoire pharmaceutique (Célécoxib/Celebrex), comme tous les anti-inflammatoires pharmaceutiques, comporte plusieurs effets secondaires, dont les médias ont parlé abondamment.

Tout au long de l’étude, le degré de douleurs aux genoux a été évalué à la fin de la 24ième semaine, cette évaluation était la suivante :

- 79,2% des personnes souffrant de douleurs modérées à sévères ayant pris le supplément de GLUCOSAMINE combiné à la CHONDROÏTINE ont connu une diminution de leurs douleurs.

- 69,4% des personnes souffrant de douleurs modérées à sévères ayant pris CELEBREX ont vu leurs douleurs diminuer.

- 65,7% des personnes souffrant de douleurs modérées à sévères ayant prix la GLUCOSAMINE ont vu leurs douleurs diminuer.

- 61,4% des personnes souffrant de douleurs modérées à sévères ayant pris la CHONDROÏTINE ont vu leurs douleurs diminuer.

- 54,3% des personnes souffrant de douleurs modérées à sévères ayant pris le PLACEBO ont vu leurs douleurs diminuer.

Il n’est pas étonnant que les meilleurs résultats aient été obtenus chez les individus qui prenaient à la fois la GLUCOSAMINE et la CHONDROÏTINE. Ces deux substances permettent conjointement de réparer les tissus articulaires endommagés.

- Le premier groupe recevait chaque jour 1 500 mg d’un supplément de GLUCOSAMINE

- Le deuxième groupe recevait 1 200 mg par jour d’un supplément de CHONDROÏTINE

- Le troisième groupe recevait une combinaison de ces deux suppléments, soit la GLUCOSAMINE et la CHONDROÏTINE

- Le quatrième groupe recevait le médicament CELEBREX (200 mg)

- Le cinquième groupe recevait un PLACEBO.

Lors de cette rencontre de l’American College of Rheumatology, le Dr Herrero-Beaumont, de la Fondation Jiménez Diaz de Madrid, a également dévoilé les résultats de son étude. Cette dernière a montré que la GLUCOSAMINE est PLUS EFFICACE que l’ACÉTAMINOPHÈNE dans la diminution des douleurs arthritiques aux genoux. Dans cette étude, après 24 semaines de traitement, la GLUCOSAMINE s’est avérée supérieure au traitement par l’analgésique. Un groupe de 318 patients était impliqué dans cette étude.

« On oublie aussi de dire que ces produits (glucosamine et chondroïtine) sont sécuritaires et ont un coût raisonnable, comparativement à des médicaments sur ordonnance » de dire Mark Blumenthal, directeur de l’American Botanical Council.

Voilà pour la joue droite, qui n’a pas été présentée par les auteurs de l’article du New England Journal of Medicine (pourquoi ?) et par conséquent par les médias qui se fient uniquement à cet article.

L’effet placebo maintenant

Qu’est-ce que l’effet placebo ? L’effet placebo est l’amélioration de l’état de santé ou encore la diminution d’un malaise ou d’une douleur par des placebos (placebo vient du latin « te plairai ») par des pilules de farine ou de sucre, à l’insu de la personne, qui croit qu’elle prend le produit à l’étude.

Dans cette étude, le groupe placebo a donc été comparé aux autres groupes, pas seulement à celui prenant de la glucosamine ou de la chondroïtine, mais aussi à l’anti-inflammatoire pharmaceutique Célécoxib (Celebrex). Dans le premier groupe souffrant de douleurs modérées à graves, soit 348 personnes, effet placebo : 54,3% et dans le deuxième groupe souffrant de douleurs légères, soit 1 235, effet placebo : 60,1%. Or, une étude dirigée par le Dr Levine de l’Université de Californie a démontré que l’endorphine, une sorte de morphine produite par la glande hypophyse, donc un analgésique naturel, pouvait, lors d’études placebo, supprimer la douleur des patients croyant recevoir un médicament efficace pouvant les soulager. Lorsqu’on administrait de la Naloxone (un anti-morphinique) aux patients présentant un effet placebo, l’effet placebo était supprimé et les patients souffraient de nouveau.

On peut se demander pourquoi dans cette étude l’effet placebo est nettement plus élevé que lors de divers autres essais portant sur l’arthrose et l’ostéoarthrite. Les patients étaient-ils plus motivés, ce qui a amené par autosuggestion une plus grande production d’endorphines dans leur organisme ? Il faut comprendre toutefois que cette morphine naturelle que constituent les endorphines n’a pas d’effet anti-inflammatoire et n’aide aucunement à reconstituer les cartilages, ce que toutefois peuvent faire la glucosamine et la chondroïtine. La comparaison avec le placebo dans ce genre d’étude pourrait donc être considérée comme boiteuse. N’oublions pas que Santé et Bien-Être Canada a maintenant établi une monographie sur le sulfate de glucosamine et que les produits connus de sulfate de glucosamine (ampoules et comprimés) de Flex-O-Flex ont un DIN de Santé et Bien-Être Canada.

Regardons maintenant la joue gauche (l’angle unique choisi par les auteurs de l’article du New England Journal of Medicine). Sur 78% des gens participant à l’étude, soit 1 235 personnes souffrant de douleurs légères aux genoux, une réduction de la douleur a été rapportée :

- dans 70,1% des cas, pour le Célécoxib

- dans 66,6% des cas, pour la glucosamine et la chondroïtine

- dans 65,4% des cas, pour la chondroïtine

- dans 64% des cas, pour la glucosamine

- dans 60,1% des cas, pour le placebo

70,1% des gens souffrant de douleurs légères ont été soulagés de leur douleur avec Célécoxib (Celebrex) contre 66,6% pour la glucosamine et chondroïtine conjuguées, soit une différence de 3,5%. Par rapport à la glucosamine seule, un résultat de 64% en ce qui a trait au soulagement de la douleur, soit 6,1% de différence. Ces produits (glucosamine et chondroïtine) n’ont pas d’effets secondaires et sont moins dispendieux que le Célécoxib (Celebrex). On n’a même pas tenu compte des effets secondaires à long terme de cet anti-inflammatoire sur les cartilages et la santé en général. Et la comparaison avec le placebo pourrait à mon sens être considérée comme boiteuse, compte tenu de l’étude du Dr Levine de l’Université de Californie sur les endorphines médiatisant l’effet placebo.

Une étude est donc, en conclusion, comme un visage. Il faut la regarder en face et sous tous les angles, ce qui permet une bonne communication. Quand il s’agit de santé, cela prend toute son importance.

Johanne Verdon, ND.A.

11 décembre 2008

Source : Association des naturopathes agréés du Québec (ANAQ), http://www.anaq.ca/articles/Une%20etude%20est%20comme%20un%20visage.pdf

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