par Nicole Renaud, ND.A.
L’alimentation prend une place de plus en plus importante dans les médias. Toutefois, c’est l’obésité qui se tient au premier rang des préoccupations, surtout en ce qui concerne les jeunes à l’école. Or, nous oublions de mentionner que les mauvaises habitudes alimentaires peuvent jouer un rôle important en ce qui a trait aux comportements d’un individu. En effet, selon une recherche effectuée auprès des élèves du primaire (Renaud 2004), il existe bel et bien un lien entre le comportement et l’alimentation.
En effectuant un projet-pilote auprès d’élèves de quatrième année du primaire, j’ai constaté que les jeunes avaient plus ou moins de connaissances en nutrition et qu’ils ne savaient pas pourquoi ils devaient manger. De plus, cette expérience m’a permis de démontrer l’impact humaniste sur les familles défavorisées puisque tous les enfants ciblés ont pu effectuer un ou plusieurs changements dans leur comportement alimentaire. J’ai utilisé la stratégie par conscientisation élaborée par Paolo Freire dans les années 1960 et dont nous pouvons facilement découvrir tout le processus d’apprentissage qu’engendre cette méthode en lisant le livre sur la formation expérientielle stratégique (Côté, 1998).
Ce projet-pilote fait suite à une recherche effectuée auprès d’élèves du primaire et celle-ci m’a permis de faire un lien entre l’alimentation et le comportement de ces jeunes à l’école. Les élèves ayant participé à l’étude étaient âgés entre 10 et 12 ans et faisaient partie d’une des huit écoles recrutées dont une en milieu défavorisé. Parmi les comportements étudiés se retrouvent l’agressivité physique, l’absentéisme, l’agressivité verbale, l’anxiété, les comportements antisociaux, les attitudes scolaires et les comportements hyperactifs. Le questionnaire alimentaire était divisé en groupes d’aliments comprenant entre autres les protéines, les lipides, les glucides, les fruits et les légumes.
Les résultats ont été concluants quant aux aliments consommés quotidiennement par les élèves et qui ont un lien avec leurs comportements que je qualifie ici d’inappropriés. Ce sont le pain blanc, le sucre blanc, les pâtes alimentaires raffinées et les céréales en boîte raffinées. D’autres aliments sont consommés fréquemment par les élèves et ont aussi une répercussion sur leurs comportements : il s’agit des fritures, des boissons gazeuses, des charcuteries, des pâtisseries et de la crème glacée.
Nous pouvons remarquer que les aliments énumérés sont pauvres en nutriments, vitamines et minéraux et que leur indice glycémique est élevé. Par conséquent, ils ne peuvent pas apporter au cerveau et aux cellules tout ce dont ils ont besoin pour fonctionner adéquatement. De plus, ce type d’aliments a une incidence sur la prise de poids. Que faire alors pour permettre à tous ces élèves d’adopter de saines habitudes alimentaires en tenant compte du milieu dans lequel ils vivent? Les familles s’engagent-elles à donner une place de choix à la saine alimentation? Et qu’en est-il du rôle de l’école?
Étant donné que l’école a pour mission de faire apprendre et comprendre, qu’elle a la tâche d’inculquer la culture et les valeurs de la société et surtout de préparer les élèves à leur futur rôle de citoyen, il appert important qu’un programme d’éducation à l’alimentation soit mis sur pied par le Ministère de l’éducation. Toutefois, il faut comprendre que ce n’est pas la théorie qui permettra de changer les habitudes alimentaires de nos enfants, mais bien le fait de susciter chez eux un questionnement qui leur permettra de prendre conscience de leurs besoins et subséquemment amener une transformation personnelle dans leur démarche. C’est ainsi que j’ai pu constater le changement des élèves de la quatrième année lorsqu’ils ont pris conscience que manger était important pour leur santé. Ils devaient donc faire un choix quant à l’aliment à privilégier ou pas.
Peut-on faire un choix lorsque nous vivons dans une famille défavorisée? Il est vrai que la famille a aussi une influence sur les habitudes alimentaires de l’enfant, mais si le parent ne sait pas ou ne comprend pas pourquoi l’alimentation saine est importante dans le développement de son enfant, il ne pourra pas faire le choix approprié. Il faut donc, d’après moi, que le parent puisse jouer un rôle actif auprès de son enfant, aussi bien que l’école.
L’approche par conscientisation, autant chez les parents que chez les élèves, est certainement le meilleur moyen d’intervention favorisant l’éveil à une saine alimentation tout en permettant un changement progressif et une responsabilisation quel que soit le milieu d’où les gens proviennent. C’est aussi en introduisant progressivement quelques trucs, ne serait-ce que mensuellement, que les changements alimentaires seront efficaces.
Références
CÔTÉ, R. (1998). Apprendre, formation expérientielle stratégique. Québec : Presses de l’Université du Québec
FREIRE, P. (1971). L’éducation : pratique de la liberté. France : Éditions du Cerf
FREIRE, P. (1975). Pédagogie des opprimés : suivi de conscientisation et révolution. Paris : Collection Maspero
RENAUD, N. (2004). Liens entre le comportement scolaire des élèves au primaire et l’alimentation et proposition d’un programme d’éducation à l’alimentation. Mémoire de maîtrise, Département des sciences de l’éducation, Université du Québec à Trois-Rivières
par Nicole Renaud, ND.A. détentrice d’une maîtrise en éducation de l’UQTR
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