jeudi 11 décembre 2008

QUE TON ALIMENT SOIT TON MÉDICAMENT

Par Sylvie Rousseau ND.A.

Nous vieillissons et nous le savons. Chaque année, plusieurs d’entre nous constatons qu’un autre trouble s’ajoute à notre liste plus ou moins longue de problèmes de santé. Mais, sommes-nous vraiment affligés de ces misères sans que nous ne puissions rien y faire? Ne sommes nous pas fait pour vivre longtemps et en santé? Voilà beaucoup de questions que les chercheurs sur la nutrition se sont posés et ils en sont venus à la conclusion que ce n’est pas les années qui détériorent notre corps, mais plutôt le régime alimentaire et le mode de vie que nous choisissons. Ils affirment qu’il serait possible de ralentir la dégradation progressive du corps due au vieillissement et que nous serions capable de vivre en santé jusqu’à l’âge de… 120 ans!!! Selon les chercheurs, les symptômes associés au vieillissement seraient plutôt dus aux carences alimentaires.

On fait référence notamment aux pertes de mémoire, les troubles auditifs, le manque d’énergie, l’arthrite, le cancer, l’obésité, l’ostéoporose, la chute des cheveux et la perte de la masse musculaire. On commencerait à vieillir dès l’âge de 25 ans, puisque l’hormone de croissance serait sécrétée en moindre grande quantité à partir de ce moment. Le vieillissement est donc un processus continu même si, bien souvent, nous ne le voyons poindre qu’à l’âge mûr. Pourtant, le corps a la capacité de se garder en santé. Il s’agit tout simplement de faire les bons choix pour soi. Consommer des aliments riches en éléments nutritifs pour permettre à nos milliards de cellules de fonctionner à leur pleine capacité. Celles-ci sont capables de se réparer et de se régénérer. Il s’agit tout simplement de leur en donner la possibilité en les nourrissant et en les oxygénant correctement.

LA VALEUR DES ALIMENTS

L’alimentation devient pour bon nombre de gens non seulement un plaisir et un besoin essentiel mais aussi un gage de santé et de forme. Hippocrate disait : « Que ton aliment soit ton médicament et que ton médicament soit ton aliment ». Aujourd’hui, on commence à découvrir toute la véracité de ses dires. On considérait, il n’y a pas si longtemps encore, que seul l’apport des hydrates de carbone, des protéines et des lipides était important. Mais aujourd’hui, on a démontré la valeur d’un grand nombre de substances d’origine végétale dont le lycopène trouvées dans la tomate, la lutéine dans la myrtille ou l’extrait de pépin de raisin dans le vin rouge qui a la capacité de nous protéger du vieillissement et des maladies dégénératives. La consommation régulière des fruits et des légumes nous protège d’un nombre incalculable de problèmes de santé. On dit que la réponse à la santé est l’équilibre. Qu’entend on par cela ? En fait, celui-ci ne peut être atteint qu’en suivant des habitudes de vie qui vont la promouvoir sur une base journalière. La consommation d’aliments riches en phytonutriments est importante mais aussi l’équilibre dans l’organisation des repas. Un repas équilibré contient les trois macronutriments soit des protéines, des hydrates de carbone et des lipides dans un rapport équilibré. Celui-ci a une influence directe sur la production d’insuline et sur la condition éventuelle connue sous le nom de sarcopénie qui est le vieillissement dû à la perte musculaire. En balançant nos repas, nous ramenons l’équilibre hormonal et nous en ressentons les bénéfices dans notre corps. Nous nous sentons mieux et notre corps changera de forme en plus de contribuer à faire diminuer la condition inflammatoire existant dans le corps.

Quand on consomme trop d’hydrates de carbone raffinés, par exemple, (sucre blanc, farine blanche, alcool…) une quantité importante d’insuline est sécrétée pour répondre à l’augmentation rapide du sucre sanguin. Pour la majorité des personnes, ceci résulte en une augmentation significative de formation de gras, fatigue importante, humeur fluctuante et inflammation. L’auteur du livre « Genetic nutritionning » Dr Jeffrey S. Bland Ph.D. affirme que lorsque le niveau d’insuline dans le sang augmente de façon significative, cela apporte une incidence sur l’expression des gènes, altère le fonctionnement cellulaire et accélère le vieillissement.

Un repas équilibré facilite la digestion en ce sens que le processus de digestion sera thermogénique c'est-à-dire qu’il y a plus d’énergie requis par le corps pour la digestion et donc le corps va brûler plus de calories. Cela permettra également d’augmenter la masse musculaire, gage de vitalité.

RECOMMANDATIONS ALIMENTAIRES

Les sociétés ont donc tenté à la lumière de ce constat d’établir des normes de santé minimale pour garder la population en santé. Ce fût alors la naissance de ce qu’on appelle les guides alimentaires. Certains guides sont toutefois beaucoup plus intéressants que d’autres. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils ont livré la marchandise. Les deux exemples les plus frappants sont ceux des Japonnais et des Méditerranéens qui jouissent d’une santé globale de beaucoup supérieure à celle de bien d’autres populations. Plus particulièrement, les Japonnais jouissent d’une des plus grandes longévités au monde. En regardant le guide alimentaire asiatique de plus près, on constate qu’on accorde une importance plus grande aux aliments céréaliers, aux légumes, aux algues, puis vient ensuite les protéines surtout de type végétales comme les légumineuses. Les produits laitiers sont pratiquement inexistants et il y a très peu de place pour les sucres, les fritures et le café.

En ce qui concerne le régime méditerranéen, on constate que les produits céréaliers sont aussi à l’honneur tout comme les fruits et les légumes. Suivent les légumineuses, le poisson, la volaille et les gras naturels dont l’huile d’olive, les noix. Le yaourt et le fromage de chèvre surtout se retrouvent en très petite quantité ainsi que les sucres.

QU’EN EST-IL DU GUIDE ALIMENTAIRE CANADIEN?

Dans celui-ci, les céréales sont également en priorité avec 5 à 12 portions, puis les légumes et les fruits (5 à 10 portions). Vient ensuite les produits laitiers qui tiennent une place de choix avec une recommandation tournant autour de 2 à 4 portions et finalement les viandes et substituts (2 à 3 portions). Pas un mot sur la quantité de gras à consommer. On peut constater certaines différences en rapport avec les autres guides alimentaires et à ce sujet, il est surprenant de voir ce qu’en disent nos experts officiels de la nutrition, soit les diététistes. En effet, le journal la Presse a fait paraître, le 2 novembre 2002, un article sur la différence entre le guide alimentaire canadien et les recommandations officielles du professeur Willet de Harvard suite aux dernières recherches sur la nutrition et qui s’apparentent étrangement aux guides asiatique et méditerranéen. Le président de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec, Paul-Guy Duhamel, nous dit ceci « Mais, cet outil, le guide alimentaire, n’est pas nécessairement un consensus scientifique, mais un consensus politique ». Que veut-il dire? Il semble, selon ses dires, qu’il y aurait beaucoup de monde qui veut mettre son grain de sel dans l’établissement de ce que devrait être la politique officielle du gouvernement en matière de nutrition. Il s’agirait des intérêts pas nécessairement en santé publique mais venant plutôt de l’industrie agro-alimentaire. Il cite l’exemple du lobby exercé par les producteurs de viande rouge qui ne veulent pas reconnaître la différence entre les différents types de viandes.

On pourrait croire que l’histoire s’est répétée avec les producteurs de produits laitiers qui ont fait modifier à la hausse les recommandations gouvernementales pour la consommation des produits laitiers. Les chercheurs de Harvard croient pourtant que l’adulte moyen n’a pas besoin d’autant de produits laitiers qu’au moment de la croissance soit pour le développement des os. Ils s’interrogent même sur les bénéfices des produits laitiers comme outil pour prévenir l’ostéoporose. On sait d’ailleurs que les Nord-américains sont les plus gros consommateurs de produits laitiers et aussi les populations souffrant le plus d’ostéoporose. Surprenant n’est-ce pas ?

M. Duhamel mentionne également que le gouvernement pour plaire à tout le monde doit adoucir son propos puisque celui-ci travaille en concertation avec les intervenants du secteur agro-alimentaire. Il ajoute que le guide alimentaire canadien n’indique pas vraiment ce que les gens devraient manger. Ce serait un outil de nutrition pour une situation normale et n’est là qu’à titre indicatif. À partir du moment où quelqu’un souffre d’une maladie, ce guide doit être adapté. L’autre problème avec ce guide est que l’on ne fait pas la différence en ce qui concerne la qualité des aliments dont les céréales entières en rapport avec les céréales raffinées. On retrouve la même situation pour les types de gras et de protéines recommandés. On met l’accent sur l’apport quantitatif et non qualitatif. Toute une différence!

D’AUTRES RECOMMANDATIONS ?

À la lumière de ce constat, il est intéressant de noter que des guides alimentaires ont été élaborés par différents groupes soucieux de venir corriger les recommandations officielles. La Fondation de l’École d’enseignement supérieur de naturopathie du Québec, par exemple, a élaboré un guide alimentaire dit naturopathique. Celui-ci s’avère intéressant puisqu’il fait effectivement la distinction entre ce qu’est un aliment de qualité ou non tout en tenant compte des besoins quantitatifs d’un individu. Il pousse plus loin la réflexion et donne certaines catégories d’aliments en lien avec leur apport nutritionnel soit les produits vitalisants dont les fruits, les légumes et les germinations, les produits énergisants dont les légumes racines, les oeufs, les huiles, les graines, les produits réparateurs où on retrouve les légumineuses et les oléagineux et finalement les produits de tolérance qui recoupent les céréales entières, le yogourt, le fromage, la volaille et le poisson. Mais il ne s’arête pas là. Il donne également les références pour être en mesure d’évaluer les apports en vitamines et minéraux des aliments. Il adresse aussi le problème des combinaisons alimentaires en donnant un éclaircissement sur les différentes théories existantes. Finalement, il mentionne l’importance de tenir compte des besoins particuliers en fonction du tempérament de l’individu. Je dirais qu’il est très complet et reflète la réalité en naturopathie, c’est à dire qu’il n’y a rien de simple dans la compréhension de la santé humaine.

La Fondation pour l’avancement de la recherche anti-âge a également élaboré ses recommandations sous le nom de Guide alimentaire anti-âge et mérite qu’on s’y attarde. Celui-ci explique en détail ce qu’est un aliment de qualité et la façon dont les repas devraient être organisés. Il mentionne à cet effet le rapport 50-25-25 soit 50% de fruits et légumes, 25% de protéines et 25% de céréales entières sans oublier une petite quantité de bons gras et oléagineux. Il fait, de plus, la distinction des besoins nutritionnels en fonction des différents moments de la vie. Très intéressant!

SE GARDER EN SANTÉ

Nous ne sommes pas obligés de nous résigner aux conséquences d’un vieillissement précoce. Il est possible d’améliorer le fonctionnement de notre organisme en consommant des fruits et légumes biologiques frais et colorés, des protéines maigres, des céréales entières et des bons gras. Il faut cesser de consommer des aliments qui font du tord à notre corps, même s’ils ont bon goût, comme le sel de table, le sucre, les condiments chimiques, les aliments frits, les produits laitiers gras ou les produits de boulangerie commerciale. Il est certain que l’on ne peut échapper à l’emprise du temps ni modifier son bagage génétique, mais indépendamment de notre âge, nous avons la capacité de jouir d’une meilleure santé en décidant de mettre en pratique ces bonnes habitudes de vie. Surtout, il est important de le décider maintenant !

Sylvie Rousseau, ND.A.

Références :

1. La Presse, Quels intérêts sert le guide? Samedi 23 novembre 2002.

2. HAYES, Dr Donald, 7 habits of healthy aging, Actual age.

3. GRACI, Sam, Les superaliments, Chenelière/McGraw-Hill.

4. Fondation É.E.S.N.Q., Guide alimentaire naturopathique.

5. Fondation pour l’avancement de la recherche anti-âge, L’assiette Vitalité.

Source : Association des naturopathes agréés du Québec (ANAQ) www.anaq.ca http://www.anaq.ca/articles/Que%20ton%20aliment%20soit%20ton%20medicament.pdf

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