Par Jean-Yves Dionne, BSc Pharm
Voici la « dernière partie » de la série sur les suppléments ergogéniques.
Le monde des anabolisants
Les suppléments de type anabolisant sont beaucoup plus utilisés que ce que l’on pourrait croire. En effet, plusieurs jeunes (et moins jeunes) utilisent ces substances pour accroître leur masse musculaire, que ce soit dans le but d’améliorer leur performance dans un sport donné, de grossir leur musculature (« bulk up » chez les culturistes) ou purement dans un but esthétique…
Ce monde parallèle des anabolisants possède sa propre terminologie dont voici deux termes qu’il pourrait vous être utile de connaître. Ces mots servent à décrire des types de protocoles : « cycling » et « stacking ».
Cycling : L’usage des produits suit un cycle utilisation/arrêt d’une durée habituelle de 4 à 8 semaines. Dans le cycling, les produits sont souvent consommés en alternance, la période d’arrêt de l’un correspondant à la période d’utilisation de l’autre. Par exemple, pendant les 4 premières semaines du cycle, l’usager utilise un certain type d’anabolisant et, pendant les 4 semaines suivantes, un inhibiteur de l’aromatase. Ce cycle est répété ad libitum. Le but du « cycling » est théoriquement d’empêcher le plafond d’efficacité (tolérance à l’effet) et de diminuer ou prévenir les effets secondaires.
Stacking : Le stacking est basé sur la notion que les effets secondaires sont fonction de la dose. Ainsi, les utilisateurs prennent simultanément des doses plus faibles de plusieurs produits.
Ces deux types de protocoles sont basés sur de réels principes de pharmacologie mais représentent, à mon avis, une sorte de « perversion » de la chose. Ainsi, l’usage de 2 (quelques fois plusieurs) anabolisants à doses plus faibles ne garantit pas l’innocuité parce que si l’effet pharmacologique des 2 substances est synergique alors les effets secondaires le seront tout aussi.
Les sites Internet des principales compagnies (voir tableau) utilisent deux types de discours : soit le discours du culturiste utilisateur avec un langage très coloré et une pléthore de témoignages, soit un discours technico-scientifique basé sur une pseudo pharmacologie s’appuyant sur des références surannées des années ’60 et’70. (Il faut rappeler qu’à cette époque on faisait même des études cliniques sur le LSD chez des étudiants dans certaines universités américaines. Le tout avec la bénédiction de la direction !)
Je me suis amusé à chercher, sur PubMed (une base de donnée scientifique du gouvernement américain), les définitions des principales substances retrouvées dans ces suppléments. l’aide de l’outil MeSH À (Medical Sub Heading), qui donne les définitions et les principales variantes des termes de recherche utilisés, j’ai obtenu des résultats fort intéressants et à tout le moins surprenant pour des produits « naturels » dont voici quelques exemples. Remarquez les dates. Elles nous montrent que ces substances, loin d’être naturelles sont simplement des produits pharmaceutiques pour lesquels les brevets sont expirés ! :
Recherche MeSH
(Medical Sub Heading ou définitions et principales variantes des termes de recherche)
Recherche : 17alpha Methyl-5alpha-Androstandiol
Résultat : mestanolone : stéroïde androgène non virilisant (Janvier 1971)
Résultat (2e) : androst-2-en-17-one (Août1991)
Recherche : 17aMethyl-5a-Androstandiol
Résultat : dienogest (Nandrolone (stéroïde anabolisant) et dérivés) (Avril 1980)
Recherche : 1-Androstène-3bêta, 17bêta-diol
Résultat : Androstènediol : un intermédiaire dans la biosynthèse de la testostérone
Recherche : Methyldienolone
Résultat : Metribolone : un stéroïde anabolisant et androgène non aromatisable (1991)
Ces exemples montrent bien que ces nouvelles substances sont créées à partir d’anabolisants connus que l’on modifie avant de mettre en marché. Le problème, vous en conviendrez, est le manque total d’études cliniques. Les compagnies se servent des utilisateurs comme cobayes. De plus, elles affublent ces molécules des étiquettes « source naturelle » ou, pire encore, « dérivé naturel » et les mettent en vente sans autre forme de procès.
Cette approche de « pharmacologie de garage » est celle-là même qui nous a valu des drogues de rue comme l’ « Ecstasy ». Il est donc légitime de s’en préoccuper.
Anabolisants – attention danger !
- ProGenesys technologies
- AnDrobiol-1 (alias AD-1) (1-Androstène-3bêta, 17bêta-diol) 100mg
- 1 capsule 2 à 3 fois par jour
- Andro Technologies
- M1T (17-Methyl-1 androstène 17b-ol-3one) 10mg
- 1 capsule par jour (Maximum 20 mg par jour) maximum 2 semaines et arrêt 2 semaines
- Andro Technologies
- Oxalone (MOHN 17a-methyl-4-hydroxynandrolone) 3mg
- 2 à 4 capsules (6-12mg) par jour. Maximum 4 semaines et arrêt de 4 semaines
- Gaspari Nutrition
- Methyl-D (Methyldienolone) (17a-methyl-17beta-hydroxyestra-4,9(10)dien-3one) 1000mcg
- 1 à 3 capsules par jour. Maximum 4 semaines et 4 semaines d’arrêt.
- Molecular nutrition
- 1-T® Ethergels® (17b-hydroxyandrost-1-ene-3-one THP ether (Tetrahydropyranyl)) 25 mg
- 1 à 2 capsules, 2 à 3 fois par jour. Maximum 12 semaines.
- Legal Gear
- Methyl 4ad+ methylGels
- 17a Methyl-4-Androstenediol 10mg
- 4-androstenediol 100mg
- 3 capsules par jour pour 2 semaines.
- Legal Gear
- Methyl OHN methyl Gels
- 4-hydroxy-17aMethyl-Hydroxyestra-4ene-3one 2mg
- 1 comprimé par jour pour 2 semaines (maximum 2 par jour).
- Legal Gear
- Masterdrol V2 methylgels
- 17aMethyl-5a-Androstandiol 10mg
- N-Acetyl Cysteine 200mg
- Prosguard (Beta sitosterol extract) 100mg
- 1 à 3 capsules par jour (maximum 2 semaines).
Inhibiteurs de l’aromatase
- Ergopharm ; Proviant Technologies
- 6-Oxo 100mg
- 1 capsule, 3 fois par jour.
- Legal Gear
- Formadrol V2
- 4-OH Androstenedione 75mg
- Daidzin 40mg
- 1 capsule, 3 fois par jour avec nourriture.
Divers
- Champion Nutrition
- Myostim (Cystoseira canariensis 300mg & Rodiola rosea (3% rosavine) pas de dosage)
- Allégation : Inhibiteur de la myostatine
- 1 comprimé entérique, 4 fois par jour, sur un estomac vide.
- Thermo-life International
- Ecdysten® extrait de Rhaponticum carthamoides 15mg; Bioperine 5mg
- Allégation : « anabolisant naturel »
- 1 à 2 capsules, 3 fois par jour (max 6 par jour).
- Bodyonics Pinnacle
- AlphaDopa Growth poppers; Ingrédients pour 4 poppers (capsule sublinguale) :
- Macuna Pruriens (Dopa Bean) Standardisé à 15% L-Dopa 666.6mg
- Alpha GPC (Alpha-Glycerylphosphorylcholine) 100mg
- Bacopa Monniera extract (20% bacosides A&B) 50mg
- Allégation : Stimule la GH hormone de croissance
- 1 à 2 poppers 2 fois par jour (maximum 4 par jour). Prendre pendant 3 à 4 semaines et arrêter 1 à 2 semaines.
Liste des sites Internet
© Copyright à Jean-Yves Dionne - InfoNaturel.ca - Le 30 octobre 2008
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