
Par Jean-Yves Dionne, B.Sc. Pharm.
La majorité des médecins, et avec eux les autres professionnels de la santé dits « classiques » ou « orthodoxes », se lient pour affirmer que la naturopathie et les produits de santé naturels ne sont pas prouvés, qu'ils n'offrent pas les garanties et les études des produits pharmaceutiques, qu'ils sont inefficaces, qu'ils ont des interactions potentiellement dangereuses, voire qu'ils sont dangereux.
De l'autre côté, les naturopathes, et avec eux tous les thérapeutes dits « alternatifs », affirment généralement que les médicaments de synthèse sont toxiques, que les pratiques médicales sont dangereuses et que les médicaments causent plus de tort que de bien, etc.
Pourtant, ni la vérité, ni le mieux-être du patient ne se retrouvent dans l'un ou l'autre de ces extrêmes. Ces prises de positions fréquentes et absolues ne font qu'élargir le canyon qui sépare ces deux groupes. Il s'agit, à mon avis, de deux points de vues démagogiques dont les tenants refusent de regarder la réalité en face et nient, consciemment ou non, une partie de la donnée scientifique disponible à l'heure actuelle En effet, à la suite d'un accident avec traumatisme grave, c'est évidemment le médecin qu'il faut aller consulter. À l'opposé, lorsqu'on parle de prévention, le naturopathe est beaucoup mieux placé que le médecin. À ce titre, il existe dans le discours médical une confusion à propos de la signification du mot prévention. En médecine classique, prévention signifie plutôt « détection précoce », avec tout l'arsenal de tests plus ou moins invasifs que cela implique. Pensons simplement à la mammographie « de routine », qui est heureusement de plus en plus remise en question. Toujours dans la logique médicale, on parle de tests de dépistage de gènes prédisposant à certains types de cancer. Évidemment, une fois trouvé, ces gènes seront « traités » par la prescription de médicaments coûteux, et pas nécessairement inoffensifs, à vie.
La véritable prévention est celle dans laquelle l'individu lui-même met tout en œuvre pour ne pas devenir une statistique médicale. Ainsi, dans une perspective de prévention, les approches nutritionnelles et naturopathiques sont beaucoup plus logiques. Dans cette optique, revenons au test génétique. Ne serait-il pas beaucoup plus pertinent, en présence d'un gène/facteur de risque, de déterminer quels nutriments et/ou habitudes de vie peuvent avoir un effet déclencheur/activateur ou, au contraire, un effet inhibiteur? Ainsi, l'individu pourra appuyer ses choix sur une information qui le rend capable de se prendre en charge et donc d'éviter, autant que possible, l'apparition de la maladie. À l'opposé, le médicament ne favorise que l'absence probable d'une certaine maladie mais aucunement la santé et encore moins la responsabilisation.
Malgré les prises de position alambiquées de nos ordres professionnels et autres groupes officiels, certains professionnels ont affiché une attitude beaucoup plus intelligente et sensée. On voit donc apparaître des cliniques « intégratives », comme la Maison de la Santé à Québec, qui intègrent dans leurs équipes des professionnels de plusieurs horizons complémentaires. Ces cliniques sont nées d'une compréhension nouvelle du bien-être des patients qui passe par l'intégration des différentes médecines classiques, alternatives et complémentaires. Ce n'est que le début d'une tendance lourde. En effet, les coûts du système de maladie québécois, tel que conçu actuellement, sont si énormes, et en croissance « logarithmique », que la seule et unique façon de sortir du marasme et de prévenir la faillite du système est d'avoir recours à la véritable prévention, avec l'aide des professionnels de la santé qui ne sont pas encore reconnus.
Question de temps.
Jean-Yves Dionne, B.Sc. Pharm – InfoNaturel.ca
Le 20 décembre 2007
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