dimanche 26 octobre 2008

Le record du monde du 100 mètres une pause santé!

Par Bruny Surin

Le record du monde du 100 mètres ne cesse de descendre. Mais jusqu'à quelle vitesse l’homme courra-t-il le 100 mètres ? J’avais prédit 9.68 secondes depuis plusieurs années mais les gens me regardaient comme si je venais de la planète Mars.


Celui qui vient tout juste de battre le record du monde à New York au stade Icahn lors du Grand Prix Reebok s’appelle Usain Bolt, un jamaïcain de 21 ans. Il m’avait déjà fait très bonne impression lors des mondiaux juniors à Sherbrooke en 2003. Je l’avais interviewé suite à sa victoire facile sur 200 mètres. Un grand maigrichon de 6.4 pieds sans technique. Dès lors je savais qu’il serait très dangereux à condition qu’il se dote d’une bonne musculature et améliore sa technique de course. Quelques années ont passé et on a désormais un Bolt très solide et d’une confiance absolue.


Le matin de la course, j’annonçais à ma famille et mes amis que j’allais à New York pour être témoin du record du monde. Personne ne me prenait au sérieux. Mais j’étais convaincu que Bolt allait le faire après l’avoir vu courir en 9.76 secondes deux semaines auparavant en Jamaïque. Arrivés au stade à 4 heures de l’après midi, on s’arrêta au guichet prendre nos accréditations que l’organisateur Mark Wettmore, aussi agent du champion olympique Tyson Gay, nous avait réservées. Comme nous avions 1 heure de battement avant le début de la compétition nous sommes allés casser la croûte au restaurant Grec « Neptune, le Dieu de la mer ». Après un repas succulent et très copieux, on se rendit au stade et déjà on pouvait voir les drapeaux jamaïcains flotter sur un fond de musique raggae. En fait je dirais que 75% des spectateurs étaient originaires de la Jamaïque.


Au début de la compétition, le vent soufflait au dessus de la limite permise. À cause de la pluie et du tonnerre, la compétition a été interrompue de 45 minutes. Pour distraire les spectateurs, l’annonceur décida de faire une compétition de chant qu’il baptisa le « Randall Island Idol ». Il y avait 4 chanteurs dont un jamaïcain, un trinidadien, un Chinois et un américain. Il fallait qu’ils chantent l’hymne national de leur pays et puisque c’est le vote du public qui comptait, nul besoin de vous citer le vainqueur.
Revenons à la vraie compétition. La température baissait et je commençais à avoir peur pour les sprinters car ils détestent courir dans le froid, surtout les jamaïcains. Plus la course approchait, plus j’envoyais des courriels à mes amis pour prédire le record. Restait à savoir le temps exact.


Puis le moment tant attendu de la soirée arriva. C’était d’ailleurs la dernière épreuve de la soirée. Je braquais mon appareil photo au couloir numéro 4, sur Usain Bolt. On pouvait lire la détermination et la confiance dans son regard. Tyson Gay, autre grand favori, se trouvait au couloir 5. Après un faux départ déclenché par l’américain Mike Rodgers, la foule semblait déçue, pensant que les sprinters allaient être trop conservateurs au deuxième départ. En effet, un second faux départ aurait disqualifié le second fautif, mais heureusement pour le spectacle ce ne fut pas le cas. Pendant le starter, on pouvait entendre une mouche voler tant la foule ne voulait pas déranger les sprinters. Au deuxième départ, Bolt m’a ébloui de son départ canon. Étant donné son gabarit, je n’aurais jamais imaginé le voir sortir des blocks si rapidement. Aux 50 mètres je me suis dit ça y est c’est sur il l’a. Après qu’il ait franchi la ligne le chrono indiquait 9.71 secondes, il l’avait fait. Je sautais et criais tellement, que j’en eus des maux de tête. J’adore voir l’évolution du 100 mètres, tant au niveau du chrono que de la technique. Alors, je me disais que j’aurais vraiment aimé entraîner un sprinter de grand talent et l’aider à battre le record du monde. J’aimerais exploiter le bagage que j’ai, mais encore faut-il en avoir l’opportunité.


Je suis donc ravi pour Bolt mais les Jeux Olympiques c’est autre chose. Il faut courir 4 fois en 2 jours, et l’impact psychologique n’est pas le même. Il faut faire 4 bons échauffements et parvenir à gérer toute la pression qui vient au fur et à mesure des courses.


À partir de maintenant je mise tout de même sur Usain Bolt pour le 100 mètres à Pékin. Et qui sait, peut être que le chrono n’a pas dit son dernier mot !

Bruny Surin, Médaillé d'or aux Jeux Olympiques et conférencier – InfoNaturel.ca - produits naturels - Le 3 juin 2008

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