S’il existe un produit qui sème la controverse, c’est bien le cannabis. Dès qu’on en parle, les opinions sont tranchées. Pourtant… une majorité de gens y ont gouté!!! 53,2 % des jeunes québécois entre 15 et 24 ans en ont consommé plus d’une fois dans leur vie.(1)
Qu’est-ce que c’est?
Le cannabis, alias marijuana, chanvre ou pot (Cannabis sativa, Cannabis indica, Cannabis spp) nous arrive probablement de l’Inde ou du centre de l’Europe. C’est une plante aux multiples usages que l’humanité utilise depuis la nuit des temps. Les plus grandes de ses nombreuses variétés peuvent atteindre jusqu’à 6m (20 pieds).
Certaines variétés, comme le chanvre indien et ses sous variétés, sont cultivées pour leur contenu en molécules psychotropes nommées cannabinoïdes. La plus connue de ces molécules est le THC ou tétra hydrocannabinol.
D’autres variétés sont exemptes de substances psychotropes actives (moins de 0,5%) et sont cultivées pour la fibre, les graines alimentaires, le biocarburant, etc. La fibre du chanvre est d’ailleurs très résistante. Avant la « prohibition » du cannabis, les uniformes des militaires de nombreux pays étaient tissés en chanvre. Le chanvre peut également servir à la fabrication de matériaux de construction, de cordes, etc. La graine de chanvre a des propriétés nutritives particulièrement intéressantes, comme son contenu en protéines et son huile riche en AGL (acide gammalinolénique), comme l’huile d’onagre.
Fait intéressant
Le cannabis est une plante qui n’a pas ou très peu de prédateurs ou d’insectes ravageurs et qui empêche la croissance des autres plantes. Ainsi, la culture du cannabis n’a donc pas besoin de pesticides. Elle était biologique avant qu’on invente le mot! Un très net avantage sur le coton…
Question de concentration
Attention à tous ceux qui en ont consommé il y a vingt ans ou plus… le pot d’aujourd’hui est beaucoup plus puissant que celui d’autrefois. Divers cultivars ont été développés pour accroitre leur concentration en cannabinoïdes. Alors que, dans les années 1970, les meilleures serres produisaient du cannabis ayant une teneur de THC de seulement 2%, on retrouve aujourd’hui des cultivars dont les concentrations en THC atteignent 15 à 25%.(2)
Usage récréatif
Le cannabis procure un sentiment d’euphorie et de désorientation. Il altère les perceptions, diminue les réflexes, amplifie les perceptions auditives et visuelles, accélère le rythme cardiaque, cause une augmentation de l’appétit et provoque un gonflement des vaisseaux sanguins (vasodilatation), d’où les typiques yeux rouges associés à sa consommation.
La marijuana est une drogue de rue très utilisée. Par rapport à d’autres drogues, les cannabinoïdes causent peu de dépendance. La dépendance psychologique est cependant possible chez les utilisateurs réguliers.
Usages thérapeutiques
La pharmacologie du cannabis est complexe et n’est pas complètement connue. La recherche est malheureusement inhibée par la prohibition et le puritanisme socio-légal qui entoure cette plante.
Au Canada, le cannabis est partiellement « légalisé » depuis 1998 (pour usage thérapeutique seulement), mais il est toujours banni aux Etats-Unis, sauf dans quelques états.
Le THC (tétrahydrocannabinol) est la principale molécule active du chanvre, mais ce dernier contient également d’autres dérivés (comme le CBD ou cannabidiol) dont les vertus antispasmodiques et antinauséeuses sont fort intéressantes.
Principales indications:
· Pertes d’appétit et pertes de poids (cachexie) secondaires à des maladies chroniques (SIDA, cancer, etc.) ou à la prise de certains médicaments.
· Nausées et vomissements réfractaires à d’autres traitements (des cannabionoïdes synthétiques ont été développés pour ces indications).
· Sclérose en plaques: contre les spasmes, les tremblements et les douleurs.
· Douleurs chroniques.
· Glaucome (augmentation de la pression intraoculaire)… quoique ce n’est pas très pratique et que la fumée peut irriter les yeux. Des médicaments performants existent et sont, à mon avis, préférables.
· Insomnies réfractaires.
Selon Santé Canada, l’usage clinique du cannabis, sous prescription médicale, est indiqué pour:
· Nausée et vomissement
· Syndrome cachectique et perte d’appétit chez les patients souffrant du SIDA et du cancer & anorexie.
· Sclérose en plaques, traumatisme médullaire ou maladie de la moelle épinière.
· Épilepsie.
· Douleur.
· Autres maladies et symptômes : troubles du mouvement, dystonie, maladie de Huntington, maladie de Parkinson, syndrome de Tourette, glaucome, asthme bronchique, hypertension, troubles psychiatriques et maladie d’Alzheimer.
Comment le prend-on?
La principale façon de consommer le cannabis est en le fumant, soit directement à l’aide d’une pipe ou roulé dans un joint, soit encore avec une pipe à eau (shisha ou narguilé). Cette méthode est la plus répandue parce qu’elle procure une absorption plus rapide et permet d’atteindre des concentrations plus élevées. C’est également la méthode qui présente plus de risques.
Il existe également des nébulisateurs et autres formes de vaporisateurs, et on peut manger le cannabis en l’intégrant à des recettes de biscuits, muffins, brownies, etc.
Risques et effets adverses Effets adverses en usage aigu:
· Bouche sèche, vision brouillée, yeux secs, yeux rouges.
· Diminution de la coordination et des reflexes, euphorisant.
· Toux et atteintes respiratoires (si inhalé) – exacerbation de l’asthme, bronchite.
· Rares cas de nausées et vomissements.
Usage chronique:
· Apathie, comportement asocial.
· Dysfonction sexuelle – il semble que le cannabis, à long terme, réduise les taux de testostérone…
Le cannabis contiendrait plus de goudron que le tabac. Par contre, je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui fumait 25 joints par jour… D’aucuns affirment que le risque associé à la consommation de 3 joints est équivalent à celui associé à l’inhalation d’un paquet de cigarettes… Même si j’ai trouvé cette affirmation dans un document très scientifique (Pharmacist’s Letter), je n’ai pas pu la valider et je considère qu’elle est peut-être teintée d’un tantinet de propagande…
Certains auteurs affirment aussi que la consommation de cannabis augmente le risque de développer des psychoses et de la schizophrénie. Le lien de cause à effet n’est pas aussi clair que ça. En fait, tout ce qu’on peut dire, c’est les gens qui ont une prédisposition plus forte aux maladies mentales sont plus sujets à consommer des drogues. Malheureusement, même dans les études et autres documents publiés, on retrouve beaucoup de préjugés qui colorent le jugement.
Par: Jean-Yves Dionne, B.Sc. Pharm.
www.InfoNaturel.ca le 8 septembre 2010 - Naturel
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Références:
1. L’usage de substances psychoactives chez les jeunes québécois: portrait épidémiologique
2. Site du centre L’étape du basin de Maskinongé inc., page sur le cannabis
3. http://fr.wikipedia.org/wiki/Chanvre
4. http://fr.wikipedia.org/wiki/Cannabidiol
5. http://fr.wikipedia.org/wiki/Effets_du_cannabis_sur_la_santé
6. Turcotte D, Le Dorze JA, Esfahani F, Frost E, Gomori A, Namaka M. Examining the roles of cannabinoids in pain and other therapeutic indications: a review. Expert Opin Pharmacother. 2010 Jan;11(1):17-31. Review. PubMed PMID: 20001426.
7. Hall W, Degenhardt L. Adverse health effects of non-medical cannabis use. Lancet. 2009 Oct 17;374(9698):1383-91. Review. PubMed PMID: 19837255.
8. http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/marihuana/how-comment/medpract/infoprof/index-fra.php
9. Girouard P, Mehdi B, Samson R. Le chanvre industriel au Québec : un guide de Production. REAP – Ressource Efficient Agricultural Production – Canada. http://www.reap-canada.com/online_library/agri_fibres_forestry/4%20Le%20Chanvre.pdf
10. Canada’s Industrial Hemp Industry http://www4.agr.gc.ca/AAFC-AAC/display-afficher.do?id=1174595656066&lang=eng
11. http://www.erowid.org/ un site dédié à la compréhension des substances psychoactives
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