Par Sylvie Rousseau, naturopathe, ND.A., ANAQ
Le vieillissement provoque plusieurs déclins dans l’organisme. C’est également vrai en ce qui concerne la sexualité et ses différentes composantes dont le désir, l’excitation, l’orgasme et la performance sexuelle. À 20 ans, un homme peut facilement avoir plus d'une érection par jour. À 70 ans, c'est une autre histoire.
La dysfonction érectile est un problème de santé qui peut affecter profondément la qualité de vie de millions d'hommes. Elle se définit comme étant une difficulté à atteindre ou à maintenir une érection, amenant des sentiments de frustration et une baisse de l'estime de soi. On estime que 52% des hommes entre 40 et 70 ans souffriraient de cette dysfonction à différents niveaux.
Le lien avec les maladies cardiovasculaires
Plusieurs maladies peuvent avoir un impact négatif sur la fonction sexuelle dont l’obésité et le diabète. Mais, ce sont les maladies cardiovasculaires et plus spécifiquement l’athérosclérose qui sont pointées du doigt. En fait, trop peu d'hommes sont conscients qu'il existe un lien indéniable entre la dysfonction érectile et les maladies cardiovasculaires. Les troubles érectiles peuvent apparaître jusqu'à trois ans avant l'avènement d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC). En fait, ce problème de santé est souvent le résultat d'accumulation de plaques artérielles dans les artères du pénis causant, ce qu'on appelle, la dysfonction endothéliale (la couche la plus interne des vaisseaux sanguins). Les statistiques nous confirment que 75% des hommes ayant des troubles cardiovasculaires diagnostiqués souffrent de difficultés érectiles.
Les médicaments proposés
Même si l'introduction du Viagra sur le marché a su améliorer la capacité érectile chez plusieurs hommes, il ne fait rien à long terme pour traiter le problème sous-jacent, soit la dysfonction endothéliale. L'utilisation de ce médicament a été associée à plusieurs effets secondaires dont les maux de tête, la congestion nasale, une vue altérée ou une perte auditive. Pour 30% des utilisateurs, cela ne donne pas de résultats satisfaisants. Il est souvent contrindiqué lors de troubles cardiovasculaires diagnostiqués.
L'hormonothérapie de remplacement pour la testostérone ne semble pas non plus être la meilleure solution à ce problème de santé. On sait que cette hormone joue un rôle prépondérant dans la libido et le désir sexuel, mais on a constaté que la dysfonction érectile peut se déclencher même chez les hommes ayant un taux normal de testostérone. Or, ce type de médication est risquée, car il peut être un facteur de risque significatif pour le cancer de la prostate.
Un peu de physiologie
Le pénis est un organe largement sous le contrôle du système nerveux central. L'érection prend place lorsque les tissus érectiles dont les corps caverneux et spongieux se remplissent de sang. Cela requiert la relaxation des muscles lisses dans les artères du pénis. L'oxyde nitrique, une substance relâchée par les cellules endothéliales pendant la stimulation sexuelle, permet à cette relaxation de prendre place augmentant ainsi l'apport sanguin nécessaire à l'érection. Lorsqu'il y a accumulation de plaques artérielles, les cellules endothéliales n'arrivent plus à enclencher ce processus.
L'approche naturelle
L'oxyde nitrique n'étant pas un supplément, on a démontré que la consommation de certaines substances naturelles pouvait augmenter la production de cette molécule. D'une part, l'arginine, est l'acide aminé utilisé par le corps pour la production de l'oxyde nitrique. Le pycnogénol, un dérivé de l'écorce de pin maritime facilite la conversion de l'arginine en oxyde nitrique. D'autre part, le icariin, un flavonoïde retrouvé dans une plante de la famille Epimedium, inhibe l'enzyme(PDE5) responsable de faire retomber l'érection, soit le même mécanisme d'action que celui dans le Viagra. Également, le yohimbe, dérivé de l'écorce d'un arbre ouest-africain, est un antagoniste des récepteurs sélectifs alpha2-adrénergiques permettant de prolonger l'érection en assurant l'afflux sanguin dans le pénis. Ces antioxydants utilisées en synergie peuvent, non seulement, restaurer la fonction érectile, mais elles améliorent la santé cardiovasculaire en diminuant la production de radicaux libres responsables du vieillissement.
D'autres herbes médicinales comme le ginseng panax ainsi que le maca ont été longuement étudiés dans les cas de dysfonction érectile. Mais, c'est le ginkgo biloba qui gagne la palme. Il agirait, selon les études, sur les quatre aspects de la sexualité masculine, soit le désir, l'excitation (l'érection et la lubrification), l'orgasme et la résolution. Cela serait attribué à son efficacité à améliorer la dilatation des vaisseaux sanguins périphériques ainsi qu'à moduler le niveau de la sérotonine dans le cerveau, un neurotransmetteur responsable de maintenir l’érection chez l’homme.
On peut maintenir une jeune sexualité jusqu’à un âge avancé en choisissant une approche nutritionnelle qui rééquilibrera les différents mécanismes en cours. Il est toutefois important pour un homme souffrant de dysfonction érectile de faire évaluer sa fonction cardiovasculaire afin d'éviter les mauvaises surprises. N'hésitez pas à consulter pour établir la meilleure stratégie à adopter, car certains suppléments peuvent ne pas être appropriés à votre situation.
Références :
1. Life Extension, Disease prevention and treatment, Expanded fourth edition, Life extension media, 2003.
2. Natural Standard, The authority on integrative medicine, www.naturalstandard.com.
InfoNaturel – le 24 mars 2010 - Naturel
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